Nouveau modèle de partenariat entre producteurs et consommateurs.

Depuis 2005 au Québec, nous avons vu apparaître, d’abord dans les environs de Sherbrooke, un nouveau venu, soit les Écomarchés ou Marchés de solidarité régionale.

L’écomarché est un concept relativement nouveau et qui a pour première particularité d’utiliser le web comme lien virtuel entre les producteurs et les consommateurs pour créer un nouveau un réseau de consommation local. Nous verrons dans cette deuxième section du travail ce qui définit un écomarché dans son concept, ses structures de fonctionnement et ses acteurs québécois.

Qu’est-ce qu’un écomarché?

Un écomarché est un regroupement de consommateurs local, qui sélectionne des producteurs de leur région géographique spécifique pour répondre aux critères qu’ils ont élaborés ensemble. Les producteurs et les consommateurs sont membres de la même organisation, souvent une coopérative, et investissent des efforts communs pour créer un marché alimentaire local, basé sur la demande réelle du consommateur, le tout par le biais d’un site Internet transactionnel.

Trois principales formes existent au Québec pour le moment, celle des Marchés de solidarité régionale, chapeauté par groupes locaux « les amis de la terre de », celle des écomarchés de Beloeil et de la Montérégie, puis celle de l’écomarché coop de Trois-Rivière.

Quels en sont les objectifs?

Les objectifs des écomarchés, selon les organismes ecomarche.ca, panier d’ici ainsi que le réseau des Marchés de solidarité régionale en son bien simple et visent les trois grands axes du développement durable, mais en mettant au premier plan celui de l’autonomie alimentaire.

Plan économique

Stimuler l’économie locale.

Créer des emplois de façons directes et indirectes.

Diminution de la dépendance aux prix du pétrole dans les transports.

Assurer une rétribution équitable pour le producteur.

Plan environnemental

Diminue le nombre d’emballages et l’usage de contenant non recyclables.

Encourage les pratiques environnementales et écologiques en agriculture.

Réduction du transport des aliments et de la pollution qui y est rattachée.

Plan social et politique

Vers une autonomie alimentaire.

Favorise le contact entre les producteurs et les consommateurs.

Créer un sentiment d’appartenance et d’identité envers la région habitée.

D’ou immerge le concept?

Ayant seulement réussit à interviewer André Nault, des Amis de la terre de l’Estrie, responsable de la création du premier écomarché au Québec en 2006 à Sherbrooke, je ne suis en mesure que de fournir sa vision des choses.

Selon Monsieur Nault, le premier écomarché, dans ce cas le Marché de solidarité régionale de Sherbrooke a été fondé en 2006 pour contrer la présence des OGM[1] dans l’alimentation. C’est suite à diverses manifestations et pressions sur la classe politique pour faire bouger les choses que Monsieur Nault, avec son regroupement a décider de trouver une nouvelle formule pour permettre aux consommateurs de s’approvisionner d’aliments sans OGM et qui favoriseraient quatre grands principes : l’autonomie de la communauté, la démocratie, la diversité des formes agricoles et l’équité pour les consommateurs et producteurs.

Les autres formes d’écomarché, soit celle présente à Beloeil et Montérégie, et plus récemment l’écomarché coop de Trois-Rivières sont issue de cette formule originale. En fait, Monsieur Nault a collaboré à la création de ces formes en fournissant un soutien de démarrage. Dans le cas de Beloeil, l’écomarché fonctionne « comme un nouveau métro », une chaîne de points de chute fédérée « dirigée par une personne, plutôt que des marchés autonomes les uns des autres » selon monsieur Nault.

Dans le cas de Trois-Rivière, la formule est sensiblement la même que les MSR[2], cependant, comme disait Monsieur Nault : « encore là, on les a accompagnés jusqu’à la fin, eux autres n’étaient pas capables d’accepter l’autonomie, donc ça prenait des cahiers de charge pour les producteurs. Eux autres ont une coop de solidarité »

Ce nouveau concept de distribution en circuit court est appelé à évoluer et à se transformer pour créer de nouvelles façons de faire régionales et en liens avec les consommateurs et producteurs.

À ne pas confondre

Il est bien important, lorsque l’on parle d’écomarché, de ne pas le confondre avec d’autres sites de distribution classique procédant par Internet. L’écomarché, bien qu’il permette de faire ses approvisionnements n’est pas une épicerie en ligne ou site de vente de produits transformés possédant un entrepôt et n’obéit pas à la même logique. Ces entreprises ne sont pas les producteurs et ces derniers souvent ne font que recopier les modèles de distribution existante sur le marché.

Parmi les sites de vente à ne pas confondre :

IGA.net[3], épicerie directe[4], Terroirs Québec[5], un Petit goût du Québec[6] et Marchands Québec[7]

Fonctionnement et mode de gestion

Le fonctionnement et le mode de gestion des écomarchés sont similaires pour les trois principales formes existantes. Ici je vous présenterai les formes juridiques et le fonctionnement.

Forme juridique

La formule juridique le plus rependue pour un écomarché demeure sans contredit la coopérative de solidarité. Cette formule permet une participation démocratique et bénévole des membres producteurs et consommateurs dans la gestion de l’entreprise. Chacun finance le fonctionnement de l’entreprise en payant une part sociale égale et diminue les coûts reliés à la mise en marché par produits.

Un modèle à surveiller, celui de Beloeil, une coopérative fédératrice de points de chute, semble être l’autre version qui risque de prendre de plus en plus d’expansion, pour le moment confiné en Montérégie, mais qui pourrait gagner en popularité ailleurs au Québec.

Le fonctionnement?

Peu  importe la forme juridique, il n’en demeure pas loin que le fonctionnement de chacune des formes d’écomarchés est basé sur le même principe transactionnel.

Le consommateur et le producteur s’inscrivent en cotisant un montant d’environ 20 $ chacun à l’écomarché. Le producteur met en ligne sa ligne de produits disponible sur sa page et le consommateur est libre de faire la commande des denrées désirées. Une fois la commande complétée, une facture est transmise au consommateur et une confirmation de commande est envoyée.

Dans certains cas, le financement s’effectue aussi par le prélèvement d’une majoration de 15 % sur le prix de la commande pour payer les frais d’exploitation de l’écomarché.

Le producteur assemble les commandes et les livres dans des points de chute établis ou le consommateur sera responsable de venir chercher ses achats et de régler la facture sur place.

Les écomarchés possèdent en général, sauf exception de celui de Beloeil, deux ou trois points de chute dans une région. Dans un cas où la demande deviendrait trop importante pour conserver le lien entre le producteur et le consommateur, un autre écomarché peut être créé, avec d’autres producteurs et d’autres consommateurs et un partage du territoire peuvent être ainsi réalisés.

Infrastructure requise

Les infrastructures requises par les écomarchés sont assez minimes comparés à ce qui est requis pour une épicerie ou chaîne de distribution alimentaire traditionnelle.

La base, c’est voir accès à un logiciel transactionnel, avec base de données intégrée, permettant aux producteurs et aux consommateurs d’échanger. Un tel programme tel que développé par les Marchés de solidarité régionale coûte environ 30 000 $.

Un tel site, même si sont apparence et sa structure demeure minimaliste, demande un serveur de bonne capacité et la possibilité de gérer de nombreux comptes clients et producteurs simultanément. Un tel serveur doit être desservi par un importante bande passante et rend le coût d’exploitation non négligeable, quoique bien moindre que d’ouvrir boutique et effectuer la gestion d’entrepôt.

La seconde infrastructure d’importance, c’est des commerces ou lieux communautaires où organiser les points de chute des livraisons hebdomadaires. Dans ce cas-ci, s’associer à un commerce de type boulangerie où avoir la permission municipale pour l’usage d’un centre communautaire est souhaitable, tel que fait dans le cas des Paniers en ASC

Une fois ces points réglés, il ne reste qu’aux producteurs et aux consommateurs d’assumer leur transport pour faire l’acquisition des denrées alimentaires.

Acteurs et Partenariats?

Pour partir ce genre de projet, il est essentiel d’avoir plusieurs partenaires dans la réalisation d’un écomarché. Par l’essence même de cette forme de distribution, la collaboration et l’esprit de communauté doivent pouvoir se développer et se traduire en actions et collaborations fructueuses.

Donc en résumé, il faut un regroupement de consommateurs intéressé, des producteurs intéressés et d’autres intervenants communautaires ou des commerces prêts à collaborer pour la tenue d’un écomarché.

Dans certains cas, des agences gouvernementales ou instances politiques locales se sont jointes aux efforts en fournissant leurs soutiens ou encore finançant le démarrage de tels projets.

De plus, toute personne désirant démarrer un écomarché sous la forme d’un MSR peut obtenir le support des Amis de la terre en ce qui a trait à la création des bases, mais aussi en obtenant une copie gratuite du logiciel transactionnel requis, sauvant près de 25 000 $ à chaque nouveau écomarché.

Quelques Écomarchés actuels

  • Écomarché Coop de Trois-Rivières
  • Écomarché de Beloeil
  • Panier d’ici, marché de solidarité régionale de Rimouski Neigette
  • Marché de solidarité régionale de Sherbrooke
  • Marché de solidarité régionale de Cowansville
  • Marché de solidarité régionale de Victoriaville
  • Marché de solidarité régionale de Waterloo
  • Marché de solidarité régionale de Saint-Isidore de Clifton
  • Marché de la Valée

Notes :


[1] Organismes génétiquemnts modifiés.

[2] Marché de solidarité régionale

[3] http://magasin.iga.net/Default.aspx?ct=true

[4] https://www.epiceriedirect.com/fr/

[5] http://www.terroirsquebec.com

[6] http://www.unpetitgoutduquebec.com

[7] http://marchands.qc.ca/